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L’Eglise, le corps de Christ

COMMENTAIRE DE 1 CORINTHIENS 12/12 À 31

INTRODUCTION :

L’étude de ce texte est à mettre en parallèle avec les passages de Romains 12/4 et 5, Ephésiens 4/4 à 16 et Colossiens 1/18-24, 2/17 à 19.

L’église en tant que corps. Dieu a voulu nous faire comprendre ce qu’était l’église par trois images que nous connaissons bien en tant qu’être humain : le temple, l’épouse et le corps !

Ce dernier est l’image que nous connaissons le mieux puisque c’est dans cette enveloppe que nous vivons aujourd’hui. Avec les avancées de la médecine, les mystères du corps se révèlent et nous découvrons combien ce corps est fragile et n’a que peu de valeur au niveau chimique du terme mais aussi et surtout combien sa complexité, son organisation et ses capacités témoignent de la grandeur de son créateur, Dieu.

Le mot « corps » dans la Bible se retrouve 270 fois et présent 18 fois dans le passage étudié.

Qu’est-ce que le corps humain ?

« Une seule et même vie s’épanouissant en une pluralité de fonctions attachées chacune à l’un des membres de cet organisme et travaillant pour sa conservation et son bien-être » (Frédéric GODET).

I. L’UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ (V.12 À 14)

Ce titre est la devise de l’Union Européenne. Une communauté de pays membres unis mais chacun en particulier différent dans son caractère, sa langue, sa culture…

a) La notion d’unité entre les membres et avec la tête, Christ.

v.12 : « Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est–il de Christ. » (Segond)

Le mot « car » sous-entend une cause. Voyons donc brièvement les premiers versets de ce chapitre 12. Paul parle des dons spirituels qui sont donnés à chacun selon l’Esprit. Remarquons que dès le verset 4 la notion d’unité est présente par cette expression : « même Esprit, même Seigneur, même Dieu. » Dans le verset 7, c’est la notion de communion qui ressort : « utilité commune ». Des versets 8 à 10 sont cités les différents dons et le verset 11 est intéressant ; il fait office de transition, de résumé des versets qui le précèdent par cette expression : « un seul et même Esprit ». Nous entrons ensuite dans le verset 12 : « comme le corps est un » : l’unité est encore présente comme au verset 4. Nous voyons donc le cheminement de l’écriture de Paul. On ne peut dissocier les versets précédents ceux du commentaire, ils s’imbriquent dans une continuité. Il introduit les dons spirituels dans cette motion d’unité ce qui peut l’amener ensuite à décrire ce qu’est l’église unie en prenant l’image du corps.

Dans ce verset 12, il y a un pont : il part de l’unité (« un ») pour aller vers la multiplicité (« plusieurs », «tous ») pour revenir à l’unité (« un »). En grec, le mot pour désigner le corps est soma et signifie le corps complet et vivant.

Le corps est un, il forme un tout. Ce corps n’existe que parce que Christ en est la tête (Colossiens 1/18). Christ est le chef, la tête et ce n’est que par lui que l’Eglise existe. La fin du verset 12 nous dit: « Ainsi en est-il de Christ ». Ces mots pourraient être traduits par : « Ainsi est le Christ », c’est-à-dire une parfaite unité, dans une sorte de diversité parmi les membres. Le Christ ne désigne pas seulement le Seigneur Jésus- Christ glorifié dans les cieux mais également la « Tête du corps de Christ. » qui est dans les cieux et ses membres qui sont sur la terre tout cela forme le corps de Christ. De même que le corps humain est le support par lequel une personne se fait connaître, ainsi le corps de Christ est le moyen par lequel le Seigneur a choisi de se faire connaître au monde, par l’Eglise locale et par l’Eglise universelle, les églises locales formant l’Eglise universelle. Aussi l’Eglise fait partie de Christ, tous les membres de l’Eglise formant le corps qui est attaché à la tête, Christ.

b) La notion de diversité : dans la fonction et dans les origines.

  • Dans les fonctions des membres : Voyons dans la version Semeur le verset 12 : « Le corps humain forme un tout, et pourtant il a beaucoup d’organes. Et tous ces organes, dans leur multiplicité, ne constituent qu’un seul corps. Il en va de même pour ceux qui sont unis au Christ. ». Le mot employé pour désigner les membres est « organes ». Le corps humain est composé d’organes qui assurent chacun une fonction différente. Ils sont reliés les uns aux autres notamment par la circulation sanguine. Dans l’Eglise, chacun des membres est comme un organe, c’est en cela qu’il y a diversité car chacun a une place et une fonction particulière.
  • Dans les origines des membres (v.13) : Il y a diversité dans les origines des différents membres. Il y a une diversité de nationalités : Juifs et Grecs, de classes sociales : esclaves et libres.

Mais cette diversité nous conduit, en passant par Christ, à se rendre compte que nous venons tous du même sang et comme les organes dans leur création viennent du même œuf, nous sortons tous du premier homme. Et il y a une autre réalité encore plus grande à laquelle nous prenons part lorsque nous faisons partie du corps, c’est l’unité dans l’héritage céleste (Ephésiens 3/6), dans la rédemption (Ephésiens 2/16), dans l’Esprit (cité deux fois dans le verset : « un seul Esprit ») et les dons spirituels, dans l’accès auprès de Dieu le Père, d’espérance… et surtout de foi sans laquelle l’Eglise ne saurait exister.

Le verset 14 nous indique une vérité très importante que l’on peut négliger en lisant ce passage : « Un corps n’est pas composé d’un membre ou d’un organe unique, mais de plusieurs. » (Version Semeur). Il ne faut pas que l’un des membres s’élève ou soit élevé pour prendre toute la place dans le corps étouffant les autres. Il faut que tous les membres, les organes agissent et prennent leur place en remplissant la tâche confiée par la tête. Christ est la tête et rien ni personne ne doit prendre la place gouvernante de la tête.

Et nous devons exercer l’unité par le lien de la paix et dans l’amour fraternel démontré dans 1 Corinthiens 13. Parfois et souvent, ce n’est pas facile et l’apôtre Paul le dit dans les prochains versets, pourtant nous avons besoin des autres et les autres membres ont besoin de nous. C’est dans cette atmosphère que l’Eglise doit grandir maturément en Christ.

II. LES RELATIONS ENTRE LES MEMBRES DU CORPS (V.15 À 26)

Le corps, c’est avant tout le centre de la vie. Dieu a mis ce souffle dans notre corps et tous les membres sont vivants. L’Eglise vit de la vie que Dieu a mise en elle et cette vie se transmet par le Saint-Esprit. C’est lui qui introduit les relations d’amour fraternel entre les membres et c’est par le Saint-Esprit qu’il y a l’unité. Chacun des membres participent à la même vie de ce corps, tous sont rattachés à la même vie. Quelle merveille, même la vie est une.

Les versets 15 et 16 révèlent la position de chacun des membres et des organes et les autres versets en découlent. Il y a trois vérités à faire ressortir :

  • ne pas prendre la place des autres : nous voulons toujours l’herbe du voisin qui paraît plus fraiche, c’est humain. Mais étant régénéré, un membre dans l’Eglise ne se comporte plus de ce genre. « Si je ne peux pas être une main, alors je ne veux pas faire partie du corps ! » Ne nous arrive-t-il pas de tenir de tels propos parfois ? N’avons-nous jamais dit : « Si je ne peux pas faire partie du conseil, cela ne m’intéresse pas de travailler dans l’église » ? Il nous faut être humble et accepter la mission confiée car elle est adaptée à nos capacités, à nos limites. L’apôtre Paul résume cela dans les versets 18 et 19.
  • ne pas rejeter les autres et les mettre au rang inférieur (complexe de supériorité) : Même si ce n’est pas dit directement, nous pouvons prendre le raisonnement de la main qui pourrait dire : « Moi, j’en fais plus que lui et je me démène pour le faire alors que le pied ne fait presque rien ! » C’est dans les versets 21, 23 et 26 que Paul répond à ce raisonnement et exhorte les membres à s’entourer, à s’entraider, à avoir soin les uns des autres, à honoré les plus faibles et à voir la nécessité de chacun des membres.
  • ne pas dire être trop faible pour ne rien faire (complexe d’infériorité) : « Je ne suis qu’un être insignifiant, sans dons particuliers ; je n’ai pas ma place dans l’église » ? Ce raisonnement est lâche ou témoigne d’une peur par rapport au travail manifeste accompli par les membres plus importants. Dieu nous a donné les capacités de faire ce que nous devons faire dans l’Eglise. Accomplissons notre travail avec humilité, ferveur et nous prendrons conscience que nous ne devons pas regarder au travail des autres membres mais à la tête, Christ, qui voit ce que nous faisons.

Rappelons que la séparation des membres soit à cause de l’atrophie, le rejet ou l’amputation provoquera un dysfonctionnement dans le corps tout entier et aura des répercutions chez le membre séparé, la mort. Et la mort du membre atrophié dans le corps engendrera la mort de ces voisins, une gangrène qui sera difficile à stopper.

En tant que membre, nous devons veiller les uns sur les autres et prendre soin les uns des autres comme il est dit dans ces versets afin de ne pas rejeter un membre (provoquer extérieurement et collectivement la séparation) ou de le sauver de la mort (provoquer intérieurement et personnellement la séparation). Par le baptême, c’est l’incorporation, la greffe qui entre en jeu en reprogrammant le code génétique de l’ADN en Christ.

Dans ce passage des versets 17 à 26, nous comprenons ce que l’apôtre Paul désire dire. Il faut la diversité, la richesse des différents dons pour que l’unité existe, c’est la condition indispensable car sinon, le corps ne ressemblerait qu’à une masse (verset 19 : « où serait le corps ? »). Mais n’oublions pas que cette diversité et cette unité sont acquises par Christ qui est la tête et dans l’Esprit.

III. LE SERVICE AU SEIN DE L’EGLISE (V.27 À 31)

Nous avons vu que l’Eglise était composé de membres qui devaient se soutenir et prendre soin les uns des autres. En effet, Chacun des membres doit s’attacher à la tête mais aussi au corps dans son entier d’où le terme soma : corps complet et vivant. Ce corps est vivant aussi parce que la tête donne des ordres, des missions à accomplir et le membre d’une Eglise est là pour servir. Tous doivent servir sans exception. Ainsi, l’Eglise est le « Corps de Christ » (v.27). Paul utilise cette expression comme transition et résume les versets précédents. Mais c’est aussi l’expression de l’idée évoquée dans le verset 12 à savoir : « …ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ ».

Remarquons aussi ces quatre mots du verset 27 : « chacun pour sa part » qui confirme l’utilisation de ce verset comme transition. Discrètement, l’apôtre Paul insiste sur le fait que chacun fait sa part et seulement la sienne au sein du corps de Christ. La version Parole Vivante le soulève plus significativement : « Or vous, vous constituez ensemble le Corps du Christ, et chacun de vous, pris à part, en est un membre ou un organe auquel Dieu a assigné sa place et sa fonction. ».

Ensuite, il passe à autre chose qui fait aussi partie du corps de Christ : la diversité des opérations, des ministères et des dons. Citons 1 Corinthiens 12 v.4 à 6 : « 4 Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; 5 diversité de ministères, mais le même Seigneur ; 6 diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. ». Pour l’ordre, certains voient un ordre hiérarchique et d’autres un ordre chronologique dans la construction de l’Eglise. La liste du verset 28 n’est pas complète en termes de ministères et en termes de dons mais d’autres sont mentionnés entre les versets 9 et 10. Même s’il n’y a pas de hiérarchie entre les membres, Dieu a institué des membres dans une fonction dirigeante pour qu’il y ait une autorité. Pourquoi toutes ces questions aux versets 29 et 30 sans réponse d’ailleurs ? C’est pour remettre à sa place le premier chrétien qui prétendrait à toutes les charges et à tous les dons, au lieu de se soumettre à ceux qui les ont vraiment reçus. Ceux qui sont en comparaison avec le corps les liens, les os qui unissent et édifier les membres. On peut aussi penser aux différentes valves qui composent le cœur. Les dirigeants doivent être des moteurs entrainant l’Eglise dans la direction que donne la tête.

Paul finit par cette phrase qui peut être la réponse aux questions précédentes : « Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence. » (v.31). Il y a deux phrases qui correspondent à deux passages qui vont suivre ce verset :

  • « Aspirez aux dons les meilleurs » : Cette parole signifie qu’il faut rechercher les dons qui vont directement glorifier Dieu et édifier l’Eglise de Dieu. En effet, si par exemple, je cherche le don de guérir (v.28), je serais l’intermédiaire de la guérison et il est plus facile et rapide alors de me glorifier. Ces dons les meilleurs seront détaillés et expliquer dans le chapitre 14 de la 1ère épître aux Corinthiens. Mais avant cela, il faut passer par une autre explication.
  • « Et je vais encore vous montrer une voie par excellence. » Voyons la version Semeur : « Pour cela, je vais vous indiquer l’approche par excellence. » Pour pouvoir exercer autant le service dans l’Eglise et ce qui fait de moi un membre dans l’Eglise, cité dans les versets précédents, que les dons les meilleurs à exercer cité dans les versets suivants du chapitre 14, il faut passer par le chapitre 13 de la 1ère épître aux Corinthiens concernant l’amour. C’est l’approche et la voie par excellence, qui permet l’exercice des dons spirituels et du service dans l’Eglise. Sans l’amour, je ne suis rien. Ajoutons d’ailleurs que le mot excellence est vraiment bien choisi pour ce passage important, ce mot veut dire littéralement « qui vient du ciel » ! Tout nous vient du ciel, d’en haut, de la tête et particulièrement l’amour.

Nous pouvons remarquer cette autre traduction : « Vous ambitionnez les dons les plus grands. Eh bien ! Je vais vous indiquer l’approche par excellence. » (Notes Semeur) qui est intéressante et paraît logique dans le raisonnement suivi par Paul dans le passage étudié. En d’autres termes : « Vous qui voulez vous enorgueillir des dons, voici l’approche de l’amour à mettre en pratique avant ». Cette voie ne pourra que les rendre humble, les amener à croître spirituellement à considérer l’exercice des dons au sein même de l’Eglise, pour l’Eglise.

  • Conclusion

Pour conclure, citons Ephésiens 4/16 qui résume bien ce qu’est le corps de Christ, l’Eglise : « C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui–même dans la charité. ».

Relevons le champ lexical du corps humain : liens, coordonné, assemblage, accroissement, force, parties. Nous avons dans ce texte les notions d’assistance, de solidité, d’édification et d’amour qui transpirent du passage étudié.

Il fallait que l’apôtre Paul enseigne cette notion d’honneur entre les membres et la valeur des relations en général entre les membres notamment dans la ville de Corinthe où les dissensions orgueilleuses allaient bon train

C’est en Christ que l’Eglise existe et grandit, s’accroît. C’est par Christ et pour Christ que l’Eglise sert.

Benjamin LAMOTTE

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